Jazz et Littérature
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Re: Jazz et Littérature
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sisyphe- Messages : 175
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Blues", d'Alain Gerber
Critique
"Blues", d'Alain Gerber : aux racines du blues
LE MONDE DES LIVRES | 17.12.09 | 10h34
Délaissant pour une fois les grands noms du jazz, héros de ses derniers romans, Alain Gerber fait vivre cette fois des inconnus pour plonger jusqu'aux origines, au coeur du blues, qui allait donner naissance au jazz, l'une des plus grandes formes d'expression artistique du XXe siècle. Il fallait une profonde connaissance, tant historique qu'émotionnelle, de cette musique pour échapper aux archétypes et en restituer la chair, par la langue et par un discret réseau de références et d'allusions. Les personnages créés par Gerber sont aussi singuliers que symboliques - leur histoire tragiquement banale comme leur destin exemplaire.
L'écrivain et spécialiste du jazz décrit le sud des Etats-Unis esclavagiste s'enfonçant dans la guerre de Sécession, avant une émancipation qui "n'aura émancipé que le sommeil des abolitionnistes, troublé par trop de honte et trop de remords". Peuplé de personnages dignes de La Case de l'oncle Tom, mais traités avec une intensité dramatique qui regarderait plutôt du côté de Faulkner, ce long roman s'achève sur les premières années du XXe siècle, qui révélera le jazz au monde.
L'histoire passe au travers des récits de Nehemiah et de Silas, amoureux de la même femme également narratrice, Cassie. Tous deux sont inéluctablement portés par des chemins différents vers la musique, Gerber soulignant à quel point ce qu'ils font est le produit de leur histoire, mais aussi l'incarnation de leur volonté.
Chaque chapitre commence par un rituel "Je me suis levé ce matin". Pourtant, ainsi que le rappelle Gerber, "pour l'homme noir, tout est toujours du pareil au même. Il se lève avec le jour, mais quand il sort de sa cabane, c'est pour pénétrer dans une autre sorte de nuit". La manière dont la musique émerge dans la vie des individus n'a ici rien d'artificiel. Dans ce roman sur l'asservissement sous toutes ses formes - esclavage, salariat, prostitution, emprisonnement, corps meurtris, visages défigurés au vitriol -, le chant réprimé, les instruments clandestins, bricolés racontent une histoire, une géographie : "Nous étions les romanichels de l'Amérique", confesse Silas.
Comme dans le "Chant du chemin de fer souterrain" (titre d'une composition de John Coltrane sur le circuit qui faisait passer la ligne de démarcation de la ségrégation aux Noirs), ce beau et dense Blues nous entraîne dans un voyage, une aventure individuelle et collective à travers une Amérique pas si lointaine. Lorsque le livre s'achève, Silas, brillant compositeur, constate que "dans ce pays d'Amérique, il existait à présent une musique qui n'appartenait à aucun des hommes qui la colportaient de ville en ville". Magistral.
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BLUES d'Alain Gerber. Fayard, 656 p., 25 €.
"Blues", d'Alain Gerber : aux racines du blues
LE MONDE DES LIVRES | 17.12.09 | 10h34
Délaissant pour une fois les grands noms du jazz, héros de ses derniers romans, Alain Gerber fait vivre cette fois des inconnus pour plonger jusqu'aux origines, au coeur du blues, qui allait donner naissance au jazz, l'une des plus grandes formes d'expression artistique du XXe siècle. Il fallait une profonde connaissance, tant historique qu'émotionnelle, de cette musique pour échapper aux archétypes et en restituer la chair, par la langue et par un discret réseau de références et d'allusions. Les personnages créés par Gerber sont aussi singuliers que symboliques - leur histoire tragiquement banale comme leur destin exemplaire.
L'écrivain et spécialiste du jazz décrit le sud des Etats-Unis esclavagiste s'enfonçant dans la guerre de Sécession, avant une émancipation qui "n'aura émancipé que le sommeil des abolitionnistes, troublé par trop de honte et trop de remords". Peuplé de personnages dignes de La Case de l'oncle Tom, mais traités avec une intensité dramatique qui regarderait plutôt du côté de Faulkner, ce long roman s'achève sur les premières années du XXe siècle, qui révélera le jazz au monde.
L'histoire passe au travers des récits de Nehemiah et de Silas, amoureux de la même femme également narratrice, Cassie. Tous deux sont inéluctablement portés par des chemins différents vers la musique, Gerber soulignant à quel point ce qu'ils font est le produit de leur histoire, mais aussi l'incarnation de leur volonté.
Chaque chapitre commence par un rituel "Je me suis levé ce matin". Pourtant, ainsi que le rappelle Gerber, "pour l'homme noir, tout est toujours du pareil au même. Il se lève avec le jour, mais quand il sort de sa cabane, c'est pour pénétrer dans une autre sorte de nuit". La manière dont la musique émerge dans la vie des individus n'a ici rien d'artificiel. Dans ce roman sur l'asservissement sous toutes ses formes - esclavage, salariat, prostitution, emprisonnement, corps meurtris, visages défigurés au vitriol -, le chant réprimé, les instruments clandestins, bricolés racontent une histoire, une géographie : "Nous étions les romanichels de l'Amérique", confesse Silas.
Comme dans le "Chant du chemin de fer souterrain" (titre d'une composition de John Coltrane sur le circuit qui faisait passer la ligne de démarcation de la ségrégation aux Noirs), ce beau et dense Blues nous entraîne dans un voyage, une aventure individuelle et collective à travers une Amérique pas si lointaine. Lorsque le livre s'achève, Silas, brillant compositeur, constate que "dans ce pays d'Amérique, il existait à présent une musique qui n'appartenait à aucun des hommes qui la colportaient de ville en ville". Magistral.
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BLUES d'Alain Gerber. Fayard, 656 p., 25 €.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
le nom de Reinhardt
Sur le nom de Reinhardt, un peu d’étymologie avec le « Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française » où se nom se trouve à l’entrée « renard ».
D’abord écrit renart (déb.XIIIe s.) puis renard (v.1530) est l’emploi comme nom commun de Renart, nom propre d’homme d’origine germanique, issu du francique « Reginhart, de « ragin-conseil » et « hart-fort ». Reginhart a donné Reinhart en allemand.
A partir du IXs dans certains poèmes épiques de l’est et du nord de la France les héros sont des animaux à qui l’on donne des noms humains. Et voilà que le goupil devient Renart dans le « Roman de Renart » qui est donc le roman d’un goupil qui s’appelle Renart . Renart le goupil devient le renart.Même origine pour Régnard, Raynard, Reinert, Renardin…
Remarque : le « hart » final peut se transformer en « aut » , « ault », « aud »…
Tout ça pour dire que Django était un fameux renard de guitariste, un rinard (sic) souvent désargenté...
D’abord écrit renart (déb.XIIIe s.) puis renard (v.1530) est l’emploi comme nom commun de Renart, nom propre d’homme d’origine germanique, issu du francique « Reginhart, de « ragin-conseil » et « hart-fort ». Reginhart a donné Reinhart en allemand.
A partir du IXs dans certains poèmes épiques de l’est et du nord de la France les héros sont des animaux à qui l’on donne des noms humains. Et voilà que le goupil devient Renart dans le « Roman de Renart » qui est donc le roman d’un goupil qui s’appelle Renart . Renart le goupil devient le renart.Même origine pour Régnard, Raynard, Reinert, Renardin…
Remarque : le « hart » final peut se transformer en « aut » , « ault », « aud »…
Tout ça pour dire que Django était un fameux renard de guitariste, un rinard (sic) souvent désargenté...
sisyphe- Messages : 175
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Echos de France
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sisyphe- Messages : 175
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Re: Jazz et Littérature
Saint-Simon ( le duc de) et Charlie Parker.
Dans le « Discours parfait » à propos des « Mémoires » de Saint-Simon (1675-1755), des portraits qu’il y brosse et de la furie qu’il met, Philippe Sollers écrit « Et voilà le swing de Saint-Simon ». Citant le portrait de Mlle de Séry, comtesse d’Argenton et maîtresse du duc d’Orléans dont elle eut un fils : « C’était une jeune fille de condition sans aucun bien, jolie, piquante, d’un air vif, mutin, capricieux et plaisant. Cet air ne tenait que trop ce qu’il promettait ». ( lire la suite à la page 755 du tome 2 des « Mémoires » dans l’édition de la Pléiade, ça vaut son solo de saxo). Et Sollers de commenter « Concision, raccourci, torsade des adjectifs, improvisation presque folle, chaque séquence est nerveuse et à vol d’oiseau, comme une intervention de Charlie Parker » ( 1920- 1955).
Ca décoiffe. Du vol d'oiseau au Bird.
Dans le « Discours parfait » à propos des « Mémoires » de Saint-Simon (1675-1755), des portraits qu’il y brosse et de la furie qu’il met, Philippe Sollers écrit « Et voilà le swing de Saint-Simon ». Citant le portrait de Mlle de Séry, comtesse d’Argenton et maîtresse du duc d’Orléans dont elle eut un fils : « C’était une jeune fille de condition sans aucun bien, jolie, piquante, d’un air vif, mutin, capricieux et plaisant. Cet air ne tenait que trop ce qu’il promettait ». ( lire la suite à la page 755 du tome 2 des « Mémoires » dans l’édition de la Pléiade, ça vaut son solo de saxo). Et Sollers de commenter « Concision, raccourci, torsade des adjectifs, improvisation presque folle, chaque séquence est nerveuse et à vol d’oiseau, comme une intervention de Charlie Parker » ( 1920- 1955).
Ca décoiffe. Du vol d'oiseau au Bird.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Relisant « Un taxi mauve » de Michel Déon.
Sharon un des personnages central écoute « pour la centième fois sur un électrophone à piles la trompette de Miles Davis ou Tijuana Brass …pauvre créature préoccupée de s’engloutir dans les riens de la vie. » Trompette de Miles et les riens de la vie. Mais Tijuana Brass sans doute pour les jours non-blues ? (page 77 Folio).
Et à la page 101 et à un autre moment « sur l’électrophone tournait un disque éraillé, un festival de Fats Waller ».
Le narrateur, Philippe Marchal, lui, quasiment en boucle écoute la sonate en la majeur, opus 120 , de Shubert. Et tout ça dans Irlande à donner des envies de voyages.
Sharon un des personnages central écoute « pour la centième fois sur un électrophone à piles la trompette de Miles Davis ou Tijuana Brass …pauvre créature préoccupée de s’engloutir dans les riens de la vie. » Trompette de Miles et les riens de la vie. Mais Tijuana Brass sans doute pour les jours non-blues ? (page 77 Folio).
Et à la page 101 et à un autre moment « sur l’électrophone tournait un disque éraillé, un festival de Fats Waller ».
Le narrateur, Philippe Marchal, lui, quasiment en boucle écoute la sonate en la majeur, opus 120 , de Shubert. Et tout ça dans Irlande à donner des envies de voyages.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
« Lily et Braine » le nouveau roman de Christian Gailly aux éditions de Minuit
Il joue du bugle. Elle se tue.
La musique serait-elle dangereuse ?
Un bugle, c'est quoi? "...une sorte de trompette, un clairon à pistons..." répond Braine page 111
Et Wiki répond:
bugle (en allemand "flügelhorn" et par extension "flugelhorn" en anglais[1]) est un instrument de musique à vent de la famille des saxhorns, sous-famille des cuivres inventée par Adolphe Sax. Le modèle courant est celui en si. Il a théoriquement le même registre que la trompette en si, demande l'application des mêmes doigtés mais sa perce conique (caractéristique des saxhorns) rend l'accès au registre aigu difficile, et en fait un cuivre doux. Par contre, cette conicité lui donne une réponse rapide et surtout un son très doux et très "rond". On retrouve cet instrument dans les brass-bands, les harmonies et les fanfares où il est utilisé pour ses qualités sonores dans le grave et le medium. Parfois, mais aujourd'hui de plus en plus rarement, un "petit bugle" en mi est utilisé pour des parties aiguës. Il existe aussi depuis quelques temps un bugle basse en si.
En jazz, le bugle est souvent utilisé comme instrument soliste. En général, il est joué par les trompettistes, et rares sont les jazzmen qui n'utilisent que cet instrument.
Il existe un instrument rare qui est un compromis entre la trompette et le bugle : la "flumpet"
Et Wiki ajoute la liste de quelques jazzmen jouant de cet instrument: Chet Baker, Miles Davis...
Et Braxton, Madame Rose Braxton dans le roman, celle qui a des airs de Lana Turner, le nom de Braxton évoque...
Il joue du bugle. Elle se tue.
La musique serait-elle dangereuse ?
Un bugle, c'est quoi? "...une sorte de trompette, un clairon à pistons..." répond Braine page 111
Et Wiki répond:
bugle (en allemand "flügelhorn" et par extension "flugelhorn" en anglais[1]) est un instrument de musique à vent de la famille des saxhorns, sous-famille des cuivres inventée par Adolphe Sax. Le modèle courant est celui en si. Il a théoriquement le même registre que la trompette en si, demande l'application des mêmes doigtés mais sa perce conique (caractéristique des saxhorns) rend l'accès au registre aigu difficile, et en fait un cuivre doux. Par contre, cette conicité lui donne une réponse rapide et surtout un son très doux et très "rond". On retrouve cet instrument dans les brass-bands, les harmonies et les fanfares où il est utilisé pour ses qualités sonores dans le grave et le medium. Parfois, mais aujourd'hui de plus en plus rarement, un "petit bugle" en mi est utilisé pour des parties aiguës. Il existe aussi depuis quelques temps un bugle basse en si.
En jazz, le bugle est souvent utilisé comme instrument soliste. En général, il est joué par les trompettistes, et rares sont les jazzmen qui n'utilisent que cet instrument.
Il existe un instrument rare qui est un compromis entre la trompette et le bugle : la "flumpet"
Et Wiki ajoute la liste de quelques jazzmen jouant de cet instrument: Chet Baker, Miles Davis...
Et Braxton, Madame Rose Braxton dans le roman, celle qui a des airs de Lana Turner, le nom de Braxton évoque...
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Comment ne pas penser à Anthony Braxton qui fut, en autre, un brllant improvisateur comme l'est d'ailleurs Braine. Ce Braxton séjourna longuement à Paris dans les années 1969. L'oeuvre de Christian Gailly se passe aussi dans ces années-là. Coïncidence. Hasard. Le romancier reste maître de ses personnages. Anthony avait-il une compagne prénommée Rose?
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
"Vous exagérez, je crois, dit Rose Braxton, la musique n'est pas si dangereuse. Le jazz, si, dit-il, c'est toujours risqué de se donner en entier, vous changez de langue et vous pensez et vous parlez jazz, bientôt vous n'êtes plus que ça, vous n'êtes plus dans ce monde." (p.84).
Pourtant Mme Braxton qui a des manières de Lana Turner arrive à le convaincre de reconstituer son orchestre éclaté depuis quinze pour animé la boîte de nuit, comme un club new-yorkais, et s'appellera après la renovation du lieu "Le Blue Sky, ou Le Blue Bird".
Pourtant Mme Braxton qui a des manières de Lana Turner arrive à le convaincre de reconstituer son orchestre éclaté depuis quinze pour animé la boîte de nuit, comme un club new-yorkais, et s'appellera après la renovation du lieu "Le Blue Sky, ou Le Blue Bird".
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Rose Braxton séduit par Braine,- si Braine ne connaissait pas Rose, Rose semblait le connaître, Braine suppose qu’elle l’a vu jouer dans « la zone sud » lorsqu’il était dans l’armée-, lui propose de reconstituer son orchestre éclaté depuis quinze ans.
C’est un quintette. On y trouve :
Nassoy, le bassiste, travaille en usine dans l’aéronautique mais joue toujours… »par-dessus les disques ».
Patrick, le pianiste, blond aux yeux bleus, une immense culture musicale, l’intelligence du groupe, après de brillantes études de physique et mathématiques est professeur d’université et chercheur. Il joue toujours du piano, chez lui. Dés qu’il apprend la reconstitution du groupe il se fait remplacer à la faculté et réorganise l’équipe de recherche. IL se plaît à lire une « Introduction à la cybernétique » rédigée par un certain W. Ross Ashby.(ouvrage que l’on télécharger en format PDF en version originale !!!!).
Christian, le saxophoniste, employé de banque, qui bien qu’il ait vendu son instrument pour payer la caution de son appartement et qu’il soit marié et ait deux enfants il démissionnera de son emploi. Il s’entend très bien avec Nassoy, la basse. « Ils se connaissaient depuis longtemps, habitaient le même quartier, se voyaient très souvent dans le temps. La basse riait beaucoup. Le saxophone inquiet souriait seulement, et, tout à coup la basse se mettait à chanter un thème de Mingus ou Parker, ou Rollins, le saxophone suivait et cette fois il riait. Nassoy et Christian » (p. 122)
Claude, le batteur, lui survit en traînant dans les clubs mais « il est le seul à ne pas s’être éloigné du jazz ». Gros fumeur aux dents jaunes comme le blanc de ses yeux.
Braine retrouve son bugle que sa femme Lily avait caché sur l’armoire
C’est un quintette. On y trouve :
Nassoy, le bassiste, travaille en usine dans l’aéronautique mais joue toujours… »par-dessus les disques ».
Patrick, le pianiste, blond aux yeux bleus, une immense culture musicale, l’intelligence du groupe, après de brillantes études de physique et mathématiques est professeur d’université et chercheur. Il joue toujours du piano, chez lui. Dés qu’il apprend la reconstitution du groupe il se fait remplacer à la faculté et réorganise l’équipe de recherche. IL se plaît à lire une « Introduction à la cybernétique » rédigée par un certain W. Ross Ashby.(ouvrage que l’on télécharger en format PDF en version originale !!!!).
Christian, le saxophoniste, employé de banque, qui bien qu’il ait vendu son instrument pour payer la caution de son appartement et qu’il soit marié et ait deux enfants il démissionnera de son emploi. Il s’entend très bien avec Nassoy, la basse. « Ils se connaissaient depuis longtemps, habitaient le même quartier, se voyaient très souvent dans le temps. La basse riait beaucoup. Le saxophone inquiet souriait seulement, et, tout à coup la basse se mettait à chanter un thème de Mingus ou Parker, ou Rollins, le saxophone suivait et cette fois il riait. Nassoy et Christian » (p. 122)
Claude, le batteur, lui survit en traînant dans les clubs mais « il est le seul à ne pas s’être éloigné du jazz ». Gros fumeur aux dents jaunes comme le blanc de ses yeux.
Braine retrouve son bugle que sa femme Lily avait caché sur l’armoire
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Le groupe se retrouve donc.
Les répétitions se déroulent dans une grange. Aucun problème, « Charlie Parker l’a fait ». La découverte du lieu, des instruments, des premiers essais sont des purs bonheurs pour les musiciens et pour…le lecteur.
« Le pianiste avait choisi, pour commencer, un thème de Sonny Rollins : Oléo » puis continue à jouer, « Mauvais lecteur mais bonne oreille, dés la première mesure, Braine identifia l’introduction d’une jolie ballade nommée : Central Park. Il attrapa son bugle. »… « et, à ce moment-là, ce n’est pas rare, le cœur se serre »
Les répétitions se déroulent dans une grange. Aucun problème, « Charlie Parker l’a fait ». La découverte du lieu, des instruments, des premiers essais sont des purs bonheurs pour les musiciens et pour…le lecteur.
« Le pianiste avait choisi, pour commencer, un thème de Sonny Rollins : Oléo » puis continue à jouer, « Mauvais lecteur mais bonne oreille, dés la première mesure, Braine identifia l’introduction d’une jolie ballade nommée : Central Park. Il attrapa son bugle. »… « et, à ce moment-là, ce n’est pas rare, le cœur se serre »
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Suite à des problèmes de couple qui risque de devenir trio, la grange deviendra refuge pour Braine. Il y retrouve, dans la nuit, son bugle… « puis produisit deux notes, l’une assez haute, l’autre basse. Les musiciens sont comme ça, deux notes suffisent à ranimer une mélodie.
Là, il s’agissait de : I remenber Clifford, un très joli thème composé à la mémoire de Clifford Brown. La cigarette entre les phalanges, ça sortait bien. Braine était très ému. » (p. 146)
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Là, il s’agissait de : I remenber Clifford, un très joli thème composé à la mémoire de Clifford Brown. La cigarette entre les phalanges, ça sortait bien. Braine était très ému. » (p. 146)
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sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
C’est le pianiste qui prépare le programme (p.151)
Autumn Leaves (J. Prévert et J. Kosma)
Milestone (M. Davis)
Joshua (V. Felman)
All of you (Cole Porter)
Walkin’ (R. Carpenter)
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sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
La grange sera transformée en club pour clientèle étudiante. Braine « avait dans la tête une scène de film, non de guerre, de jazz. On voit un quintette jouer Now’s the time sur une estrade dans une grange et des jeunes gens qui dansent pieds nus sur la terre battue. Il voulait revoir ça. »Question: quel est ce film?
« Il y avait du monde. Il faisait froid. Le saxophoniste finissait, réexposant le thème, c’était Love for sale. Un peu plus tard, Braine parvint à le convaincre de chanter le blues dans le micro : Oui, sans paroles, avec juste ta voix fredonnée, tu seras bien sû accompagné. Ce fut un succès. Les jeunes gens dansaient pieds nus sur la terre battue. »
« Il y avait du monde. Il faisait froid. Le saxophoniste finissait, réexposant le thème, c’était Love for sale. Un peu plus tard, Braine parvint à le convaincre de chanter le blues dans le micro : Oui, sans paroles, avec juste ta voix fredonnée, tu seras bien sû accompagné. Ce fut un succès. Les jeunes gens dansaient pieds nus sur la terre battue. »
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
« A la grange, il aimait Nadia, il aimait Rose à l’hôtel d’Angleterre, chez lui il aimait Lily… Au fond, il n’y a que le drame, la mort, pour enrayer un pareil système. »
On pourrait dire qu’au Vietnam il avait ramassé une maladie d’amour que les autres payaient.
Il jouait en quartet But not for me. Voilà.
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sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Jorge Semprun "L'écriture ou la vie". Edi. Gallimard
Chapitre 5
LA TROMPETTE
DE LOUIS ARMSTRONG
On the sunny side of the street: quelle Bonheur!
C’était la trompette de Louis Armstrong, je la reconnaissais malgré ma griserie.
Je riais, ravi.
C’était à Eisenach, vers la fois du mois d’avril.
Chapitre 5
LA TROMPETTE
DE LOUIS ARMSTRONG
On the sunny side of the street: quelle Bonheur!
C’était la trompette de Louis Armstrong, je la reconnaissais malgré ma griserie.
Je riais, ravi.
C’était à Eisenach, vers la fois du mois d’avril.
Dernière édition par sisyphe le Dim 7 Mar - 12:06, édité 1 fois
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
jazz à Buchenwall
Avril 1945.
"Jiri Zak m’avait annoncé qu’ils allaient faire une séance de jazz, comme ça, sans raison, pour le plaisir, entre eux, les musiciens de jazz que Zak avaient rassemblés, ces deux dernières années. Lui-même tenait la batterie. Au saxo, il y avait Markovitch, un Serbe vraiment doué. Le trompettiste était Norvégien, carrément génial. Quand il jouait Stardust, il nous donnait la chair de poule. Les S.S., bien entendu, ne connaissaient pas l’existence de l’ensemble de jazz, dont les instruments avaient été récupérés illégalement au magasin central, l’Effektenkammer. Il faut dire que vieux communistes allemands n’aimaient pas non plus cette musique barbare. Mais on ne leur avait pas demandé la permission de créer ce groupe de jazz. Ils subissaient, bougons."
Avril 1945.
"Jiri Zak m’avait annoncé qu’ils allaient faire une séance de jazz, comme ça, sans raison, pour le plaisir, entre eux, les musiciens de jazz que Zak avaient rassemblés, ces deux dernières années. Lui-même tenait la batterie. Au saxo, il y avait Markovitch, un Serbe vraiment doué. Le trompettiste était Norvégien, carrément génial. Quand il jouait Stardust, il nous donnait la chair de poule. Les S.S., bien entendu, ne connaissaient pas l’existence de l’ensemble de jazz, dont les instruments avaient été récupérés illégalement au magasin central, l’Effektenkammer. Il faut dire que vieux communistes allemands n’aimaient pas non plus cette musique barbare. Mais on ne leur avait pas demandé la permission de créer ce groupe de jazz. Ils subissaient, bougons."
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
« L’Ecriture ou la Vie » de Jorge Semprun fut couronné meilleur livre de l’année 1994 par la revue « LIRE ». Voici la chronique publiée dans son n° 231 de décembre de cette année là.
Pour bien faire, il faudrait le laisser reposer longtemps, prudemment. Le laisser mûrir, s'infiltrer dans notre mémoire. Que les mots et les images finissent par se superposer, que le livre s'inscrive à jamais dans notre quotidien. Attendre, oui. L'auteur n'a- t-il pas mis près de cinquante ans à écrire et à publier ce douloureux récit? Comment, en effet, émerger d'un rêve? Depuis le 11 avril 1945, date de la libération du camp de Buchenwald, la vie de Jorge Semprun semble s'être parée des habits éthérés du rêve. Les dix-huit mois passés, endurés, dans la fraternité des déportés de Buchenwald, ne représentent-ils pas la vraie vie?
Jorge Semprun, membre apatride de la Résistance française, estampillé «Rouge espagnol» par les maîtres du camp, en est en tout cas aujourd'hui - presque - convaincu. Seize ans d'amnésie volontaire n'y auront rien fait. Sporadiquement, à la «faveur» d'un témoignage (le récit désordonné d'un sympathisant du PC espagnol), d'un rêve enneigé, la mort le rattrape, s'inscrit de nouveau dans son avenir alors qu'il croyait, lui, le «revenant», qui a déjà «vécu», «traversé» la mort, s'en être éloigné durablement.
Dès l'été 45, l'ancien étudiant en philosophie souhaite témoigner de son expérience du Mal radical. Pourtant, très vite, l'évidence apparaît. Sa survie impose le silence: «Le bonheur de l'écriture, je commençais à le savoir, n'effaçait jamais ce malheur de la mémoire. Bien au contraire, il l'aiguisait, le creusait, le ravivait.» Le problème n'étant pas alors de raconter l'horreur quotidienne (rien n'est indicible), mais d'être entendu, écouté, compris.
Puis arrive le jour où la mémoire de la mort, irrésistible, force la plume. Une première fois en 1964 avec Le Grand Voyage, une seconde fois en avril 1987, lorsque le «fantôme du jeune déporté» surgit dans le roman en cours tandis que Primo Levi se suicide. Le résultat, un somptueux récit au «désordre concerté». Qui dit tout cela, l'écriture ou la vie, la mémoire, les amis morts dans ses bras, l'effroyable témoignage du survivant du «Sonderkommando» d'Auschwitz, les humiliations et les coups. Mais aussi les discussions enflammées sur Schelling, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger, Malraux, la poésie, salvatrice, omniprésente, de César Vallejo, de Brecht, de Goethe, de Rimbaud, les dimanches à écouter l'ensemble de jazz créé par le Tchèque Jiri Zak...Un livre à la frontière de la vie et de la mort - enfin? - réconciliées.
M.P.
Pour bien faire, il faudrait le laisser reposer longtemps, prudemment. Le laisser mûrir, s'infiltrer dans notre mémoire. Que les mots et les images finissent par se superposer, que le livre s'inscrive à jamais dans notre quotidien. Attendre, oui. L'auteur n'a- t-il pas mis près de cinquante ans à écrire et à publier ce douloureux récit? Comment, en effet, émerger d'un rêve? Depuis le 11 avril 1945, date de la libération du camp de Buchenwald, la vie de Jorge Semprun semble s'être parée des habits éthérés du rêve. Les dix-huit mois passés, endurés, dans la fraternité des déportés de Buchenwald, ne représentent-ils pas la vraie vie?
Jorge Semprun, membre apatride de la Résistance française, estampillé «Rouge espagnol» par les maîtres du camp, en est en tout cas aujourd'hui - presque - convaincu. Seize ans d'amnésie volontaire n'y auront rien fait. Sporadiquement, à la «faveur» d'un témoignage (le récit désordonné d'un sympathisant du PC espagnol), d'un rêve enneigé, la mort le rattrape, s'inscrit de nouveau dans son avenir alors qu'il croyait, lui, le «revenant», qui a déjà «vécu», «traversé» la mort, s'en être éloigné durablement.
Dès l'été 45, l'ancien étudiant en philosophie souhaite témoigner de son expérience du Mal radical. Pourtant, très vite, l'évidence apparaît. Sa survie impose le silence: «Le bonheur de l'écriture, je commençais à le savoir, n'effaçait jamais ce malheur de la mémoire. Bien au contraire, il l'aiguisait, le creusait, le ravivait.» Le problème n'étant pas alors de raconter l'horreur quotidienne (rien n'est indicible), mais d'être entendu, écouté, compris.
Puis arrive le jour où la mémoire de la mort, irrésistible, force la plume. Une première fois en 1964 avec Le Grand Voyage, une seconde fois en avril 1987, lorsque le «fantôme du jeune déporté» surgit dans le roman en cours tandis que Primo Levi se suicide. Le résultat, un somptueux récit au «désordre concerté». Qui dit tout cela, l'écriture ou la vie, la mémoire, les amis morts dans ses bras, l'effroyable témoignage du survivant du «Sonderkommando» d'Auschwitz, les humiliations et les coups. Mais aussi les discussions enflammées sur Schelling, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger, Malraux, la poésie, salvatrice, omniprésente, de César Vallejo, de Brecht, de Goethe, de Rimbaud, les dimanches à écouter l'ensemble de jazz créé par le Tchèque Jiri Zak...Un livre à la frontière de la vie et de la mort - enfin? - réconciliées.
M.P.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Toujours dans la même chapitre:
"A cet instant, j'avais entendu les premières mesures du disque que Laurence avait mis sur l'éléctrophone. La voix de Louis Armstrong, ensuite:In the shade of the old apple tree....Pendant une fraction de seconde, un fragment d'éternité, j'ai eu l'impression d'être vraiment revenu. D'être de retour, vraiment. Rentré chez moi."
....
"Des Noirs américains d'un bataillon de choc de l'armée Patton se sont rassemblés au fond de la salle. Ils commencent à improviser entre eux, avec plaisir..
J'ai reconnu la phrase initiale de Big Butter and Egg Man, ça m'a fait trembler de joie. J'ai levé mon verre à leur adresse. Ils ne pouvaient pas me voir, certes. Mais j'au bu en leur honneur, à la gloire de cette musique qui m'avait si souvent rendu la vie supportable."
Jazz. Libération. Liberté.
"A cet instant, j'avais entendu les premières mesures du disque que Laurence avait mis sur l'éléctrophone. La voix de Louis Armstrong, ensuite:In the shade of the old apple tree....Pendant une fraction de seconde, un fragment d'éternité, j'ai eu l'impression d'être vraiment revenu. D'être de retour, vraiment. Rentré chez moi."
....
"Des Noirs américains d'un bataillon de choc de l'armée Patton se sont rassemblés au fond de la salle. Ils commencent à improviser entre eux, avec plaisir..
J'ai reconnu la phrase initiale de Big Butter and Egg Man, ça m'a fait trembler de joie. J'ai levé mon verre à leur adresse. Ils ne pouvaient pas me voir, certes. Mais j'au bu en leur honneur, à la gloire de cette musique qui m'avait si souvent rendu la vie supportable."
Jazz. Libération. Liberté.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
Les rapports possibles dans la composition entre l’écriture, la littérature et la musique « Il ne me semblait pas insensé de concevoir une forme narrative structurée autour de quelques morceaux de Mozart et de Louis Armstrong, afin de débusquer la vérité de notre expérience » écrit Semprun à la page 169. Mènera-t-il à terme sa tentative ? En lisant ses livres vous pouvez vous faire une opinion.
sisyphe- Messages : 175
Date d'inscription : 31/12/2008
Re: Jazz et Littérature
A Buchenwald, dans le camp de concentration, Jiri Zak avait réussi à constituer un petit orchestre de jazz.
Mais qui se souvient d’Eddie Rosner ?
Aucune entrée dans le « Dictionnaire du Jazz » de la collection Bouquins, qui est pourtant une somme, l’Encyclopédie Universalis 2010, malgré ses 310 000 entrées ne trouve aucun résultat et nous invite à formuler une autre requête, « Deezer » indique qu’il n’y a aucun titre pour cette recherche, d’ailleurs trouve-t-on des enregistrements de ce musicien ?..Alors ? « Wiki » ouvre une page (merci qui ? merci Wiki…)
Eddie Rosner, le Jazzman du Goulag. Musicien de jazz polonais et soviétique né et mort à Berlin (1910-1976). Selon « Wiki » il fut sans doute le plus grand jazzman soviétique (le jazz était-il soluble dans l'union Soviétique?) ayant connu la gloire et les faveurs de ce régime (il joua devant Staline !!! pour l’improvisation, qui est tout de même l’essence du jazz, ça ne devait pas être très facile) avant de sombrer dans l’enfer des camp du Goulag, il est notamment interné à Magadam où il fonde un orchestre de jazz avec les prisonniers.
Information : ces jours-ci la chaîne « Histoire » de Canal-Sat propose un documentaire sur Eddie Rosner.
Histoire - 00h24
Le jazzman du goulag
Durée : 1 heure
Les rediffusions
06:49 - Vendredi 12/03
Histoire
02:47 - Lundi 15/03
Histoire
07:00 - Jeudi 18/03
Histoire
06:59 - Mercredi 24/03
Histoire
En 16:9
Le sujet
Le parcours musical tourmenté d'Eddie Rosner, trompettiste de jazz de grand talent, adulé et martyrisé en URSS de la fin des années 30 aux années 70.
Si, dans les pays occidentaux, le nom d'Eddie Rosner n'évoque rien, ou presque, il n'en va pas de même dans l'ancien bloc soviétique. Car Eddie Rosner fut aussi adulé en URSS que «Satchmo» aux Etats-Unis. Pour les Russes, le musicien représentait le plus grand des trompettistes de jazz, surnommé l'«Armstrong blanc». Durant les années de guerre, Rosner et son orchestre se rendirent dans de nombreuses villes du bloc soviétique. Ils y rencontrèrent un immense succès, à tel point que Staline lui-même demanda à Rosner de jouer pour lui. Mais, dès la fin du conflit mondial, l'artiste, riche et vénéré, commença à gêner et fut expédié au goulag. Qu'importe ! Eddie Rosner et ses musiciens y donnèrent jusqu'à quatre-vingts concerts par trimestre ! Le trompettiste continuait à exercer son talent, au grand dam des autorités qui, depuis longtemps déjà, avaient banni le mot «jazz» du vocabulaire soviétique.
Mais qui se souvient d’Eddie Rosner ?
Aucune entrée dans le « Dictionnaire du Jazz » de la collection Bouquins, qui est pourtant une somme, l’Encyclopédie Universalis 2010, malgré ses 310 000 entrées ne trouve aucun résultat et nous invite à formuler une autre requête, « Deezer » indique qu’il n’y a aucun titre pour cette recherche, d’ailleurs trouve-t-on des enregistrements de ce musicien ?..Alors ? « Wiki » ouvre une page (merci qui ? merci Wiki…)
Eddie Rosner, le Jazzman du Goulag. Musicien de jazz polonais et soviétique né et mort à Berlin (1910-1976). Selon « Wiki » il fut sans doute le plus grand jazzman soviétique (le jazz était-il soluble dans l'union Soviétique?) ayant connu la gloire et les faveurs de ce régime (il joua devant Staline !!! pour l’improvisation, qui est tout de même l’essence du jazz, ça ne devait pas être très facile) avant de sombrer dans l’enfer des camp du Goulag, il est notamment interné à Magadam où il fonde un orchestre de jazz avec les prisonniers.
Information : ces jours-ci la chaîne « Histoire » de Canal-Sat propose un documentaire sur Eddie Rosner.
Histoire - 00h24
Le jazzman du goulag
Durée : 1 heure
Les rediffusions
06:49 - Vendredi 12/03
Histoire
02:47 - Lundi 15/03
Histoire
07:00 - Jeudi 18/03
Histoire
06:59 - Mercredi 24/03
Histoire
En 16:9
Le sujet
Le parcours musical tourmenté d'Eddie Rosner, trompettiste de jazz de grand talent, adulé et martyrisé en URSS de la fin des années 30 aux années 70.
Si, dans les pays occidentaux, le nom d'Eddie Rosner n'évoque rien, ou presque, il n'en va pas de même dans l'ancien bloc soviétique. Car Eddie Rosner fut aussi adulé en URSS que «Satchmo» aux Etats-Unis. Pour les Russes, le musicien représentait le plus grand des trompettistes de jazz, surnommé l'«Armstrong blanc». Durant les années de guerre, Rosner et son orchestre se rendirent dans de nombreuses villes du bloc soviétique. Ils y rencontrèrent un immense succès, à tel point que Staline lui-même demanda à Rosner de jouer pour lui. Mais, dès la fin du conflit mondial, l'artiste, riche et vénéré, commença à gêner et fut expédié au goulag. Qu'importe ! Eddie Rosner et ses musiciens y donnèrent jusqu'à quatre-vingts concerts par trimestre ! Le trompettiste continuait à exercer son talent, au grand dam des autorités qui, depuis longtemps déjà, avaient banni le mot «jazz» du vocabulaire soviétique.
Dernière édition par sisyphe le Jeu 11 Mar - 16:21, édité 1 fois
sisyphe- Messages : 175
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